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L’exposition offre au regard du spectateur des paysages industriels post-fin du monde, un univers sombre et mortifère étrangement familier.
« L’effondrement, inéluctable, a bien eu lieu, dévoilant un futur froid et silencieux. Parmi les ruines et les vestiges de notre civilisation en décomposition plane encore l’empreinte fantomatique d’une humanité déchue. »
Les tableaux de Willy Bihoreau sont l’œuvre d’une hybridation parfaite entre la peinture et la photo, fusionnant les techniques contemporaines (compositing, 3D, digital painting) avec les méthodes picturales traditionnelles (pinceaux, acrylique). Une approche particulière en écho à ses représentations qui questionnent du lien passé-présent et futur. « J’embarque mon spectateur dans un monde inquiétant de créatures et paysages post-fin du monde. Les symboles et architectures ne sont plus que les vestiges d’une époque révolue, c’est le début d’une nouvelle ère dont l’humain ne semble plus faire partie.
Je peins ce futur aussi pessimiste que lucide pour mieux exorciser ma peur de son imminence. Car jamais auparavant notre avenir n’eut été plus sombre et incertain. »
Avec ses peintures précises, vivantes bien que monochromes, Willy Bihoreau entend démontrer par l’image l’absurdité de nos valeurs. C’est une nature dénaturée que l’artiste met en lumière dans ses tableaux.
« l’ambiance dans laquelle nous plonge le travail de Willy Bihoreau est sombre… Le sujet sans équivoque mêle fin du monde futuriste, carcasses, usines et vues imprenables sur la démesure destructrice de l‘homme. Et cette projection est presque réaliste; même si quelques détails nous poussent dans la fiction, la base de chaque œuvre est tristement d’actualité.
Heureusement le dessin et la composition prennent le pas sur le sujet, les détails sont d’une précision d’orfèvre, les références au XXIᵉ siècle constantes et une pointe d’humour se glisse parfois ici ou là. Cet univers graphique dense, voire saturé, ne laisse plus la moindre place à la nature telle que nous la connaissons encore, et lorsque celle-ci est évoquée, c’est sous la forme d‘une usine en forme d’arbre ou d’un végétal mort.
Ses œuvres extrêmement structurées nous renvoient à la perspective italienne et font d’autres clins d’œil à l’histoire de l’art, mais les vraies références qui ancrent ce travail sont le graffiti, le futurisme, les films d’anticipation et de science-fiction noirs, les jeux vidéo; et les mentors de l’artiste ont pour noms Banksy, Enki Bilal, Hans Rudolf Giger, Roland Cat, ou encore Zdzislaw Beksinski.
Le message est clair, et n‘empêche pas Bihoreau de poser ces questions en filigrane de ses œuvres: est-ce bien vers cela que notre civilisation souhaite se diriger? Combien de temps faudra-t-il aux moutons de Panurge que nous sommes pour quitter le chemin tout tracé de l’abattoir de masse? La vie d’aujourd’hui a-t-elle le droit de valoir plus que celle de demain ? »
Jean-Luc Volot
Fondateur du Centre d’art contemporain de l’Abbaye d’Auberive
Par ses compositions, l’artiste nous dit vouloir « donner à voir au spectateur un futur dans lequel nos civilisations ne sont plus que des vestiges, des souvenirs de ces époques où l’humanité n’eut cesse de piller, d’empoisonner, de détruire la vie et ses ressources. C’est le futur dont nous devons tous nous sentir responsables, voir coupables par notre indifférence actuelle. » L’objectif de la démarche de Willy Bihoreau étant, bien entendu, « de participer à la prise de conscience tellement impérative pour notre avenir. Mais peut-être que l’être humain est encore trop primaire pour mériter sa survie... »