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Une exposition de Marie-Laure Mallet-Melchior et d’Olivier de Cayron où s’exprime leur vision commune de leur art, l’Optico-Narrative.
Les recherches plastiques des artistes Olivier De Cayron et Marie-Laure Mallet-Melchior résultent d’une hybridation de l’Art Optique et de thématiques figuratives. S’appropriant les nouvelles technologies (numérique, micro-perforé, lenticulaire…), ces recherches favorisent la participation de celles et ceux qui regardent les œuvres en stimulant leur introspection et leurs émotions.
Optico-Narrative est donc un art participatif, en opposition à un art contemplatif, dans la mesure où les artistes jouent avec le regardeur, en lui proposant une œuvre protéiforme, évolutive et pluri-discursive. En entrant visuellement dans les œuvres de ces plasticiens, le public réalise, en un sens, une observation dynamique d’une œuvre.
Olivier de Cayron s’inscrit pleinement dans cette démarche innovante qui fait dialoguer recherche optique et esthétique narrative, en associant les nouvelles technologies avec une poétique qui façonne l’œuvre de l’intérieur.
« Passant par une phase d’immatérialité, l’image numérisée devient virtuelle et c’est à ce moment précis qu’elle s’érotise – elle est investie de désir – avant de prendre une nouvelle forme. On aura compris que les images produites ne naissent pas ex-nihilo, elles ont une mémoire plastique. Elles perpétuent l’architecture de formes préexistantes, de référents, fussent-ils oubliés. Elles sont les mémoires d’une réalité virtuelle primitive.
En ayant recours à des matériaux discontinus (des lanières, des trames micro-perforées), l’artiste masque autant qu’il dévoile. Il met un terme à la linéarité du regard, il en perturbe le parcours. Et, outre ses propriétés plastiques de morcellement et de dispersion, la trame joue la fonction de filtre qui ne laisse passer qu’une partie de l’image. En la subdivisant, elle sélectionne, sur un mode aléatoire, le visible, créant ainsi des surprises et des découpages inattendus. S’interposant entre l’image et l’œil du spectateur, elle agit comme un balayage qui compromet toute tentative d’identification réaliste. La trame, fidèle à son étymologie, intrigue, complote, obligeant le spectateur à s’interroger sur le sens de son regard, sur ce qu’il dérobe, ce qu’il arrache à la part d’ombre. » (Extrait du catalogue d’exposition Alkent Actuel Art Galerie. Bibliothèque Centre Pompidou)
Marie-Laure Mallet-Melchior transfigure les espaces urbains tels que les ports, les fiches industrielles, les gares, les trains en gravant et estompant partiellement sa photo sur des supports métalliques (aluminium ou acier inoxydable) qu’elle retouche à la peinture : « je restructure l’image à ma façon ».
On trouve « dans les tableaux de Marie-Laure Mallet-Melchior les ingrédients d’un mouvement incessant, traversant, de passages dans des sites inconnus et pourtant reconnus en tant qu’images d’une époque, révolue ou non. Viennent alors des souvenirs accumulés au hasard de voyages, puisés dans une mémoire plus ou moins embuée comme le paysage à travers la vitre d’un train… Comme le tableau qui nous est donné à voir, finalement, où le réel de la photo peut être voué au flou par le rajout ou la suppression d’éléments, de couleurs, et devenir le gisement d’émotions oubliées au plus profond de nous-mêmes et soudainement réveillées par cette exploration artistique. » (Étienne Ribaucour, critique d’art)
« Fidèle à son « exigence de l’invention », pour reprendre les mots d’Aragon, l’artiste poursuit sa recherche plastique sur la combinaison des matériaux et des techniques, en amplifiant cette vibration grâce à la juxtaposition en décalé d’une partie de l’image sur le plexiglass. Ce qui a pour effet immédiat d’introduire du mouvement et de troubler le regard. L’ajout d’une entretoise entre l’image sur aluminium et le plexiglass permet de créer une perspective avec plusieurs plans successifs. Le regard est ainsi conduit à passer du fond au premier plan ou inversement pour appréhender l’image et tenter de lui donner une homogénéité. C’est en se déplaçant devant l’œuvre que le spectateur ajuste sa focale et s’approprie l’image. Les émotions surgissent alors car les univers créés font écho à des souvenirs d’une époque révolue enfouis dans notre mémoire. C’est par cette réactivation d’événements et de situations oubliés que s’opère ce que C.G. Jung appellerait la séduction de la nostalgie. (Extrait du catalogue Optico-narrative « L’art de la vision/The art of vision », Édition Art-scènes Paris janvier 2021)