Type d'œuvre :
- Dessin - Peinture - Sculpture - Assemblage
On ne saura jamais quelles étaient les causes de ces réveils brutaux que Jean-Louis Rappard appelait tôtifs et qui l'ont frappé à partir de la quarantaine. C'est sans doute pour faire face à ce désœuvrement latent fort matinal qu'il s'est plongé manifestement dans une production d'artiste tardif, elle-même malgré tout issue de différentes tentatives picturales et « imaginistes » d'un temps où il dormait bien. Plusieurs formes d'expression se sont offertes à lui : la peinture à l'huile, le pastel gras ou les dessins au stylo Ball Pentel. Pour Jean-Louis Rappard, l'important n'a jamais été de s'approprier les qualités attendues de ces techniques différentes, mais bien qu'elles traduisent sans compromis une recherche assez indicible qu'il a appelée par la suite « la puissance du vague ».
L'inspiration de Jean-Louis Rappard est venue alors comme il se doit de ses flâneries dans les rues de Paris et de sa volonté de poursuivre la critique de la vie quotidienne par le biais du dessin. Au fil du temps et des rencontres, son travail illustre la redécouverte du paysage par un citadin trop citadin, au cours de ses voyages en Chine ou aux Amériques et de longs séjours au Portugal. De là sont nés ces dessins inspirés de la nature tout comme les déambulations du personnage du Flâneur et sa critique parallèle du travail aliéné dont Jean-Louis Rappard a fait un livre d'images. En même temps que l'espace terrestre lui a permis de créer des cartographies imaginaires avec des lieux « qu'on aimerait tant ».
À partir de 1998 apparaît une autre forme d'expression : les structures d'objets collés peintes en noir laqué où les objets rares ou banals s'articulent comme par eux-mêmes. Il ne s'agit pas ici seulement de trier et de poser les éléments les uns sur les autres dans un cafouillis de lignes esthétiquement parfaites. Il faut aussi que ces objets s’immiscent eux-mêmes sans son intervention. Si bien que la réalisation d'une structure peut prendre du temps et occuper un vaste espace de rangement et de stockage.
Toujours dans l'esprit d'œuvres nées d'assemblages, Jean-Louis Rappard explore aujourd'hui d'autres rendus en choisissant d'appliquer des peintures mates aussi bien que laquées sur ses créations, revêtues chacune d'une couleur uniforme qu'elle soit noire ou bien ivoire.
Accumulation que de crimes a-t-on commis en ton nom ? Le crime de Jean-Louis Rappard, en l’occurrence, est de récupérer des monceaux d'objets sans tomber pour autant dans l'admiration de la récupération, et de s'emparer de ce monde de déchets - évidemment à une échelle moins importante que le fait Vivendi, par exemple - sans trouver en aucun cas admirable sa représentation idéologique. Tout cela dans un foisonnement éclectique, comme il se doit.
Comme on le voit, l'homme a tendance à prendre tout son temps sans laisser traîner les choses, quoiqu'il faille que les choses traînent pour prendre son temps, précise-t-il.
Jean-Louis Rappard a commencé à exposer dans différents lieux collectifs à Paris : ses peintures à l'huile, pastels et dessins puis ses structures à partir de 1998. En 2015, il participe aux Journées des Peintres de Saint-Céneri-le-Gérei (Orne) avant de faire l'ouverture de la Galerie L'arTmature de Fresnay-sur-Sarthe en 2019 avec son exposition "Désœuvrement avant l'assaut" rassemblant structures et dessins à l'encre de Chine. Une sélection de ses œuvres (peintures à l'huile, dessins et structures) a également été présentée en 2022 à la galerie La Maison Rigolote de Laval (Mayenne).